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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

La question des subsistances est toujours grosse de difficultés. L’argent est une belle chose, je n’en dirai plus de mal, car notre réputation de payer cher s’étant faite, le peu de vivres que contenaient les cachettes du pays nous arrivent. C’est le salut de notre ambulance improvisée, qui compte en ce moment près de quatre-vingts bouches à nourrir. On se consolera facilement des économies qu’il faudra faire pour réparer cette brèche-là avec les autres.

Toujours point de nouvelles de notre cher soldat ni de Barbier, toujours la canonnade dont la violence semble s’accroître. Hélas ! on ne me dit plus qu’on entend encore nos pièces de marine et je n’ose questionner. Nous saurons assez tôt si tout est fini.

5 décembre.

La cité de Jeanne d’Arc est tombée. Encore une ville prise, encore un désastre, encore un échelon plus bas vers le fond de l’abîme !

L’armée n’a pas été cernée, mais elle est coupée en deux tronçons l’un a passé ou passe la Loire dans la direction de Jargeau, l’autre se retire par la rive droite ; on ne sait rien de plus, sinon des pertes énormes en prisonniers et en matériel, peu de dégât du reste, assure-t-on, dans la ville même.