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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

L’état du pays est toujours le même dans la ville ; bruyants soupers d’officiers et vexations de tous genres ; dans la campagne, soumission nécessaire peut-être, mais soumission triste à voir. Personnellement, nous n’avons pas trop à nous plaindre. Si les ordres d’en haut sont impitoyables, la manière de les exécuter en adoucit souvent la rigueur.

C’est toi, André, c’est mon père, c’est Maurice qu’il nous faudrait, ce sont des nouvelles, des nouvelles ! et notre pauvre maman se ranimerait et revivrait.

André à madame de Vineuil.
Halte en avant du Mans, nuit du 10 au 11 janvier.

Un mot seulement, un mot triste, mais non désespéré. Le moral des troupes est mauvais. Il y a de la lassitude déjà. Cela inquiète quand on songe à ce qui reste à faire…

Il est vrai que nous leur demandons beaucoup. Le temps a été affreux toute la journée et il a fallu, sans prendre le loisir de manger, soutenir par la pluie et à travers les amas de neige des derniers jours, une marche forcée de douze heures. Envoyée en avant-garde, ma compagnie a eu la chance de trouver en gare, à Château-du-Loir, un dernier train qui emme-