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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

et sa rage ; c’est pas possible que sa nourriture lui profite.

Aussi je me vois forcé de répéter à madame que sa famille le devrait faire revenir ; plus tard, il ne serait peut-être plus bien temps. Il est maigre, il tousse, il boite que c’est une pitié. Les majors le renverraient si on leur demandait leur avis ; il n’y aurait qu’à leur faire signer une feuille d’entrée à l’hôpital, et puis on le retirerait.

En attendant ce qu’en pensera madame, je ferai de mon mieux comme à l’ordinaire pour prendre soin de M. André ; il serait vexé de ce que j’écris, mais je suis le serviteur de madame et je me souviens de ses ordres.

Bien le bonjour chez nous si madame a cette bonté. Faut-il que mon gars ait eu de la chance d’être attrapé avant tout ça ! Serait-il pris à cette heure, faudrait qu’il pâtisse aussi, car l’ennemi n’est pas nourri bien plus richement que nous, et guère de bonne humeur si ce qu’on dit est vrai.