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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

pas à s’interrompre ; ces chétifs éclats de bois vert et humide étaient une espérance de vie pour leurs enfants.

Du même à la même.
Paris, 30 décembre.

Je reviens, ma chère femme, d’une expédition qui eût été selon tes goûts. Quelques-uns de nos amis, préoccupés comme nous tous des souffrances de nos soldats, avaient imaginé qu’il serait possible de leur distribuer dans la tranchée même quelque boisson chaude qui les aiderait à réagir contre le froid excessif. Ils avaient pensé qu’une locomobile permettrait de chauffer rapidement une grande quantité de liquide à la fois, et nous sommes partis ce matin avec notre instrument que traînait un cheval, avec un panier de bouteilles d’eau de vie et même du sucre. Il y avait sept degrés de froid, un fort vent du nord, peu de neige.

Nous nous dirigeons vers Drancy, où l’on construit à l’abri des murs écroulés du château de M. de Ladoucette, une puissante batterie destinée à battre le Bourget. Nous nous établissons aussi parmi ces ruines, et bientôt notre eau bout. Le colonel donne