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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

ordre que chaque compagnie vienne à tour de rôle à la distribution. L’eau chaude passe dans un seau où l’on a mis le sucre, on remue avec une pelle de bois, une pelle de baby, puis on ajoute une bouteille de cognac.

En une heure et demie, nous avons pu distribuer un tiers de litre par homme à 1,200 hommes. Par malheur, chacun de nous a une tâche spéciale et cela empêchera de renouveler souvent notre expédition, mais nous nous sommes convaincus que des distributions semblables seraient faciles à établir par l’intendance.

Au retour, triste nouvelle : notre artillerie a évacué le plateau d’Avron, rendu intenable par le bombardement. L’autre jour on apprenait par l’état-major prussien que l’armée du Nord avait été défaite le 24 et le 25… Quelle triste fin d’année ! Nous avions un heureux moment ce matin en versant les grogs à nos pauvres soldats, et voilà que nous retrouvons plus sombre encore le sombre avenir que nous avions tâché d’oublier !

Maurice ne peut admettre la pensée de la défaite finale. D’après lui, le secours viendra, il ne sait trop d’où, mais il viendra. C’est un brave et digne garçon sans égoïsme et passionné pour le devoir. Que Dieu l’entende !

Le bombardement n’a pas cessé, mais il n’a aucun effet sur les forts.