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Page:Boissonnas, Une famille pendant la guerre, 1873.djvu/331

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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

sont. Nous nous reformons rapidement, nous avons une belle artillerie, et la rage pousse même à ceux qui ne l’avaient pas encore connue. Tenez ferme à Paris. Je sais, mon bien cher père, que ce sera toujours votre avis ; et il faut que je vous dise, puisque j’y suis, ce que cent fois j’ai dit à Dieu avec une reconnaissance immense, que les meilleures forces, celles qu’on apprécie dans les moments graves, où l’on n’a pas le temps de se faire à soi-même de longs discours, c’est l’exemple d’un père tel que vous, c’est le souvenir de maman me disant : « Ne pense plus à nous, c’est maintenant au pays qu’il faut penser. » Je l’entendais même au plus fort du vacarme de l’artillerie. Et quand, dans nos revers, le découragement me voulait mordre le cœur, ou bien quand je me sentais m’endurcir comme tant d’autres se sont endurcis, à force de voir souffrir et de souffrir eux-mêmes, c’était vous que j’appelais à mon secours et je ne voulais pas faire autrement que vous n’auriez fait. Aussi il me semble que je saurai maintenant vous aimer cent fois mieux qu’autrefois. Que ce sera bon de se revoir ! Père, mère, Maurice, Berthe et les petits, je vous le répète encore : Espérance ! et j’unis dans un même embrassement mes chers assiégés à mes chers envahis.

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Ici pourrait s’arrêter notre tâche, car aucun autre