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Page:Boissonnas, Une famille pendant la guerre, 1873.djvu/44

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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

cher garçon, puis je prendrai possession de mon bureau ; si je peux, j’ajouterai un mot avant le courrier.

Même jour, neuf heures.

Je rentre, j’ai vu Maurice, tout va bien. Il travaille aux casemates du fort de la Double-Couronne, à Saint-Denis. J’avoue que je l’ai trouvé décidément beau garçon. Ses vingt ans parés d’un commandement, son entrain ordinaire tempéré par un sérieux nouveau chez lui, surtout ses élans de cœur, sa ferveur pour le devoir, tout ce qui nous le rend cher, m’a paru resplendir d’un éclat particulier, là, dans cette boue, avant ce danger qu’on sent venir. Nous ne nous sommes pas dit de longues paroles : « Embrassez-les pour moi ! » m’a-t-il crié. Vous dirai-je que ce message simple a failli décider deux larmes à tomber ? Je ne m’étais jamais senti si loin de vous qu’en le recevant. Je n’ai pu lui répondre qu’un : « Dieu te garde ! » — Il m’a envoyé un bon regard, et j’ai rejoint l’état-major.

Un mot maintenant de la situation. Il semble que tout soit encore à faire comme armement, et pourtant on a beaucoup fait. La tâche est immense. La pluie de ces derniers jours nous est venue en aide en retardant l’artillerie de l’ennemi, aussi personne ne s’en est plaint, on aurait voulu un déluge, et c’est