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La Comtesse.

Vous êtes demoiselle, et faite pour paroître,
Et vous ne brûlez pas de vous faire connoître ?
Vous flatter, vous nourrir de cet unique soin,
Pour vous est un devoir ; je dis plus, un besoin ;
Et celui de dormir et de se mettre à table,
N’est pas plus fort chez nous que celui d’être aimable.
La nature à mon sexe en a fait une loi.
Se répandre et briller, c’est respirer pour moi.

Céliante.

Je mets, pour moi, qui n’ai nulle coquetterie,
À fuir sur-tout l’éclat, le bonheur de la vie ;
Et je tâche à trouver ce souverain bonheur,
Non dans l’esprit d’autrui, mais au fond de mon cœur.

Le Marquis, à la Comtesse.

Au sein de la raison sa réponse est puisée.
J’en suis édifié.

La Comtesse, au Marquis.

J’en suis édifié.Moi, très scandalisée.
(à Céliante.)
Mais il faut donc par goût que vous aimiez l’ennui ?

Céliante.

Il ne m’est inspiré jamais que par autrui.

La Comtesse, à part.

Qu’elle est sotte à mes yeux !

Céliante, à part.

Qu’elle est sotte à mes yeux !Qu’elle est extravagante !