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Vain espoir ! on m’a dit qu’elle en étoit sortie ;
C’est tout ce que j’en sais. Une main ennemie,
Que je ne connois pas, l’arrache à mon amour ;
Et ce coup à mes yeux l’enlève sans retour.

Le Baron.

Vous possédez son cœur ?

Le Marquis.

Vous possédez son cœur ?Douceur cruelle et vaine !
Le bonheur d’être aimé met le comble à ma peine.

Le Baron.

Vos recherches, vos soins, pourront la découvrir.

Le Marquis.

Non : je n’espère plus d’y pouvoir réussir,
Et dans tous mes projets le malheur m’accompagne.
J’ai mis, depuis huit jours, tous mes gens en campagne ;
Mais inutilement : ils ne m’apprennent rien.

Le Baron.

N’importe, votre sort est plus doux que le mien :
Le pis est de brûler pour une belle idole.

Le Marquis.

Vous la posséderez, c’est un bien qui console ;
Mais pour mes feux trompés cet espoir est détruit.
Plus l’objet est parfait, et plus sa perte aigrit :
Je suis le plus à plaindre, et mon cruel voyage…

Le Baron.

Ne nous disputons plus un si triste avantage ;
Nous éprouvons tous deux un sort plein de rigueur.
Marquis, goûtons l’unique et funeste douceur
D’être les confidents mutuels de nos peines,
Et mêlons sans témoins vos douleurs et les miennes.