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Les devoirs en sont saints, le culte en est sacré.
À ses engagements le fier honneur préside ;
Et ses dettes, surtout, sont un devoir rigide :
Au jour précis, à l’heure, il faut, pour les payer,
Vendre tout, et frustrer tout autre créancier.
Et l’amour tendre et pur devient un nœud frivole,
Où l’on est dispensé de tenir sa parole.
Le joug de l’amitié n’est pas plus respecté ;
On veut qu’ils soient tous deux exempts de probité :
Leurs devoirs sont remplis les derniers ; et leurs dettes,
Ou ne s’acquittent pas, ou sont mal satisfaites.
Mais rendez-moi raison d’un tel égarement,
Vous, profond dans le monde, et son digne ornement.

Le Baron.

Je conviens avec vous, mrquis, et je confesse
Que l’esprit qui l’agite est souvent une ivresse.
Du sein de la lumière il tombe dans la nuit,
De ses écarts souvent l’injustice est le fruit ;
Mais il est notre maître, et nous devons le suivre ;
Nous sommes, par état, tous deux forcés d’y vivre :
Pour y plaire, y briller, pour avoir ses faveurs,
Il faut prendre, marquis, jusques à ses erreurs.
Dès qu’ils sont établis, préférer ses usages,
Quelque choquants qu’ils soient, aux raisons les plus sages.
Quoi qu’il en coûte, on doit se mettre à l’unisson,
Et tout sacrifier pour avoir le bon ton.
Sitôt qu’il le condamne, il faut fuir tout scrupule,
Et même les vertus qui rendent ridicule.

Le Marquis.

N’en déplaise au bon ton, dont je suis rebattu,