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Le baron qui se laisse emporter au courant,
Malgré tous mes efforts, suit alors le torrent.
En dépit je le quitte, et cours pour mon affaire ;
Ensuite je reviens dans le moment contraire,
Que par un as fatal il se voit égorgé ;
Il perd, outre l’argent dont il étoit chargé,
Plus de neuf cents louis joués sur sa parole :
Mais il cède en héros au revers qui l’immole ;
Sous un front calme il sait déguiser sa douleur,
Et s’acquiert, en partant, le nom de beau joueur.

Céliante.

Mais il paie assez cher ce titre qui l’honore.

M. de Forlis.

Ce que je vous apprends, il croit que je l’ignore ;
Sa disgrâce me fait oublier mon dépit,
Et plus que mon affaire occupe mon esprit.
L’amitié me ramène en ce lieu pour l’attendre ;
Et selon l’apparence il va bientôt s’y rendre
Pour prendre tout l’argent qu’il peut avoir chez lui,
Car il doit acquitter cette dette aujourd’hui.
Je ne me trompe pas ; le voilà qui s’avance.

Céliante.

Je rentre ; vous seriez gênés par ma présence.

(Elle s’en va.)