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J’en serai trop payé, si je t’enseigne à l’être,
Et si mes procédés t’apprennent à connoître
Celui qui l’est vraiment dans les occasions,
Non par des vains propos, mais par des actions,
D’avec ceux qui n’en ont que fausses apparences,
Qui méritent au plus le nom de connoissances.

Le Baron.

Je connois tous mes torts, et vous demande grâce.

M. de Forlis.

S’il est sincère et vrai, ton remords les efface.
Pour mieux les réparer, baron, voici le jour
Et l’instant où tu peux m’être utile à ton tour.
Pendant que tu jouois, j’ai pris soin de m’instruire
Et d’agir fortement pour la place où j’aspire :
J’ai su d’un secrétaire, et dans un autre temps
Je t’en ferois ici des reproches sanglants,
J’ai su que tu n’as fait, malgré ma vive instance,
Pour ce gouvernement aucune diligence ;
Et qu’enfin si pour moi tu l’avois demandé,
Indubitablement on te l’eût accordé.

Le Baron.

La cour n’est pas si prompte à répandre ses grâces ;
Il faut longtemps briguer pour de pareilles places,
Et ce n’est pas, monsieur, l’ouvrage d’un moment.

M. de Forlis.

Ce gouvernement-ci toutefois en dépend ;
Et j’ai tantôt appris du même secrétaire,
Qu’il est sollicité par un fort adversaire ;
Qu’il faut tout mettre en œuvre, et tout faire mouvoir,
Ou que mon concurrent l’emportera ce soir.