Page:Boissy-Chefs-d'oeuvre dramatiques-1824.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et l’amour près de lui me donne un nouvel être.
Mon âme n’était rien quand il était absent,
Sa vue et son retour la tirent du néant.

Le Marquis.

Souffrez, dans le transport dont la mienne est pressée…

Lucile.

Non, sans vous, loin de vous, je n’ai point de pensée.
Je suis stupide auprès du monde indifférent,
Et je n’ai de l’esprit qu’avec vous seulement.
Le mien ne brille point dans une compagnie :
Le sentiment l’échauffe, et non pas la saillie.
Celui que l’amour donne à deux cœurs bien épris
Est le seul qui m’inspire, et dont je sens le prix.

Le Marquis.

Ah ! c’est le véritable, et n’en ayons point d’autre ;
Comme il sera le mien, qu’il soit toujours le vôtre.
Ne puisons notre esprit que dans le sentiment.
Vous m’aimez ?

Lucile.

Vous m’aimez ?Oui, mon cœur vous aime uniquement.

Le Marquis.

Que votre belle bouche encore le répète,
Vous avez à le dire une grâce parfaite.

Lucile.

Oui, marquis, je vous aime, et je n’aime que vous.

Le Marquis.

Et moi, je vous adore.

Lucile.

Et moi, je vous adore.Ô retour qui m’est doux !