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Le Marquis.

Vous êtes sans façon, monsieur, à ce qu’il me paroît.

Rosbif, d’un ton flegmatique.

Allons, courage, donnez-vous des airs, ayez des façons, dites-nous de jolies choses. Je vous regarde, je vous écoute.

Le Marquis.

Comment ! Jacques Rosbif, mon ami, vous raillez, je pense ? vous tirez sur moi. Tant mieux, morbleu ! tant mieux ! J’aime les gens qui montrent de l’esprit, et même à mes dépens. Je vois que vous êtes venu ici pour faire assaut d’esprit avec moi… (lui présentant la main.) Touchez là ; c’est me prier d’une partie de plaisir. Mais, prenez garde à vous, je suis un rude joueur, je vous en avertis. J’en ai désarçonné de plus fermes que vous. Quand ma cervelle est une fois échauffée, vous diriez d’un feu d’artifice : ce ne sont que fusées, ce ne sont que pétards… Bz ! pif ! paf ! pouf ! Un coup n’attend pas l’autre. Eh quoi ! Vous avez déjà peur ? Vous avez perdu la parole ? Allons, du cœur, défendez-vous, ripostez donc. Je n’aime pas la gloire aisée. Vous débutez par un coup de feu, et vous en demeurez là… Vous ne répondez rien ?… Là, avouez du moins votre défaite…