Page:Boissy-Oeuvres de Théâtre de M. Boissy. Vol.2-1773.djvu/163

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Scène II.

CHAMPAGNE, LISETTE.
LISETTE.

Dites-moi, s’il vous plaît, mon ami, qui vous êtes,
Pour entrer librement ici comme vous faites.

CHAMPAGNE.

Ce droit-là m’est acquis, je vends sous le manteau
Tout ce qui dans Paris s’imprime de nouveau.
Je sai qu’à la compagne, on en est très-avide,
Pour combattre l’ennui, qui souvent y réside.
Je vais de Bourg en Bourg tout en me promenant,
Moins pour mon intérêt que pour l’amusement
Des gens d’esprit qui sont éloignés de la Ville,
Toujours à juste prix, j’aime à leur être utile.

LISETTE, à part.

Rien n’est plus obligeant. Plus je le vois de près,
Et plus ce drôle-là me rappelle les traits…

CHAMPAGNE.

Tout bas que dites-vous ?

LISETTE.

Tout bas que dites-vous ? Ma surprise est extrême,
C’est la voix de Champagne.

CHAMPAGNE.

C’est la voix de Champagne.Et c’est aussi lui-même.

LISETTE.

Tu n’es donc pas mort ?

CHAMPAGNE.

Tu n’es donc pas mort ? Non ; puisque je suis ici.
Je dois en être cru, quand je te parle ainsi.
Je reviens tout exprès pour essuyer tes larmes.