Oh ! pour le coup, Monsieur, votre pinceau nous flatte,
Et c’est un beau portrait que la vérité gâte.
Pour les Auteurs en France on a trop de mépris :
On l’étend sans nul choix sur les plus applaudis,
Eux qui mériteroient l’estime la plus haute.
S’ils y sont méprisés, c’est souvent par leur faute :
Ils font tout ce qui sert à les humilier ;
Le plus vil Artisan éleve son métier :
L’Auteur seul a la rage, ou plutôt la bassesse,
De rendre ridicule un talent qu’il professe ;
Et si sur le Théâtre il met un bel-esprit,
C’est pour le dégrader, jusque dans son habit,
Par mille traits usés, dont la redite assomme,
Qui font rire le sot, & rougir l’honnête homme.
À ternir ses rivaux appliquant ses efforts,
Il s’avilit lui-même, & flétrit tout le corps.
Pour réhabiliter ce corps que je révere,
Je voudrois qu’on en fît un exemple sévere.
À ce noble courroux, qui trahit votre cœur,
Je juge qu’en secret, vous en êtes, Monsieur.
Plût au Ciel qu’il fût vrai, comme je le desire !
Je ne sentirois pas l’horreur qui me déchire.
Mais j’en dis trop, Monsieur.
Je vois de votre mal le principe confus.
Vous voyez le principe !
Et j’ai pris dans mon art une route nouvelle.
Je suis le Médecin du cœur & de l’esprit,