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Page:Boissy-Oeuvres de Théâtre de M. Boissy. Vol.2-1773.djvu/222

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Et pour vouloir ma mort votre fille est trop tendre.
Vous gardez le silence, & vous m’étonnez tous.

LE BARON.

Je le garde de joie, & ma fille est à vous.

LISETTE, à part.

Voilà le Médecin réduit à l’agonie.

CLÉON.

Mon âme est transportée.

LE BARON.

Mon âme est transportée.Et la mienne est ravie.

MONTVAL, d’un air troublé au Baron.

Vous lui donnez Lucile ?

LE BARON.

Vous lui donnez Lucile ? Oui, vos soins généreux
Ne pouvoient me la rendre en un temps plus heureux,
Et je veux dès ce soir que leur noce soit faite.
Je vous prierai, Monsieur, pour la rendre parfaite,
Comme en tout vous avez un goût supérieur,
D’en vouloir bien vous-même être l’ordonnateur.

LUCILE.

Ce soir !

CLÉON.

Ce soir !Belle Lucile, oui, vraiment, ce soir même.
Vous ne sauriez trop tôt faire mon bien suprême :
Jugez de mon amour par mes soins empressés.
Votre tante, informée, a dû… vous pâlissez.
Vous trouveriez-vous mal ?

LUCILE

Vous trouveriez-vous mal ?Oui, soutiens-moi, Lisette.

(Elle se laisse aller sur un fauteuil.)
MONTVAL, à Cléon.

Votre ardeur, pour le coup, Monsieur, est peu discrete ;
À peine je l’arrache au danger le plus grand,
Et vous lui proposez un nœud si surprenant ;
Qui plus est, dans une heure on veut qu’il s’exécute :
Voilà qui lui peut seul causer une rechûte :
Ce sont là de ces coups où l’on ne s’attend pas ;