Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/122

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témoigner au préjudice de ce que j’ai de plus cher et au prix de ma vie elle-même ; mais si vous voulez avoir d’autres preuves de cette mauvaise affaire, j’ai le moyen de vous faire voir comment se sont passées les choses. Il y a près d’ici une femme fort savante, qui vous instruira autant que le permettra Votre Seigneurie. »

A ces paroles, Sifroy se sentit surpris par une curiosité qui devait lui coûter des regrets ; il pria Golo de le conduire dans cette maison.

Sur le soir, le comte et son confident se dérobèrent du milieu de leur suite et se rendirent secrètement au logis de la sorcière. Le palatin lui mit dans la main une assez bonne quantité d’écus, et la conjura de lui faire voir tout ce qui s’était passé en son absence. La vieille rusée, qui voulait accroître son désir par un refus, feignit d’y voir des difficultés, et essaya de l’en détourner par mille raisons. Elle lui disait, par exemple, qu’il verrait peut-être des choses dont l’ignorance lui serait plus utile que la connaissance n’en était désirable, et qu’un malheur qui n’est pas tout à fait connu et n’est que soupçonné se trouve être par là moins affligeant. Tout cela n’était dit que pour aiguillonner Sifroy et rendre le piège plus sûr. Il répondit qu’il était résolu à tout connaître, quoi qu’il pût lui en coûter. Alors elle le prit par la main, et Golo de même, et elle les mena dans une cellule