Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/123

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voûtée, pratiquée au-dessous de sa cave. Rien ne donnait de lumière que deux grosses chandelles de suif verdâtre.

Après avoir marqué deux cercles sur le sol avec sa baguette, elle mit Sifroy au milieu de l’un des deux, et prononça sur lui certains mots dont le son épouvantable faisait dresser les cheveux ; elle tourna trois fois à reculons autour de l’autre cercle, et arriva près d’un seau plein d’une eau noire et huileuse.

Elle souffla trois fois sur cette eau. Lorsque les rides formées par le souffle s’effacèrent, elle appela le comte, qui regarda. Il fit trois génuflexions sur son ordre, et après chacune des génuflexions un tableau se montra sur la face de l’eau. La première fois il aperçut sa femme qui parlait au pourvoyeur avec un visage riant et d’un air plein de douceur ; la seconde fois, il la vit qui le recevait en son particulier, et lui promettait d’être sa femme lorsqu’on aurait empêché le retour du comte ; la troisième fois, ils lui parurent complotant d’un bon accord et songeant aux moyens de se débarrasser de lui.

Quand un éléphant est en furie, c’est assez de lui montrer des brebis pour qu’il s’adoucisse. Golo, qui craignait que la colère de Sifroy ne fût pas assez grande, tâcha, en éloignant l’image de Geneviève et son souvenir même, de lui ôter toute occasion de