Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/129

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l’avons laissée. Aussitôt que les serviteurs l’eurent abandonnée, ses premiers pas la conduisirent sur le bord de la rivière[1] qui passait près du château. Ce fut là qu’elle prit la bague que Sifroy lui avait mise au doigt avant son départ, et qu’elle la jeta dans le courant des flots, disant qu’elle ne voulait plus voir cette marque d’une union qui lui avait causé tant de malheurs.

Deux jours s’écoulèrent dans ces extrémités, sans que rien vînt consoler sa douleur. Le jour ne semblait luire que pour lui montrer l’horreur du lieu où elle était ; la nuit remplissait son esprit de sombres et noires pensées et ses yeux de ténèbres. Le soin de Bénoni augmentait de beaucoup ses craintes, et elle était bien triste de voir qu’il avait déjà couché deux nuits au pied d’un chêne, sans autre lit que l’herbe, sans autre abri qu’un peu de ramée.

Celui qui se rappellera que Geneviève était une princesse élevée parmi les délices d’une cour n’aura point de peine à s’imaginer ses ennuis. N’était-ce pas un spectacle bien digne de compassion, que de voir la femme d’un puissant palatin dans le manque même des choses dont les plus malheureux des malheureux ne sont pas privés ? que de voir son palais changé en une horrible solitude ? sa chambre

  1. Note 19 : La légende veut sans doute parler ici de la Moselle.