Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/134

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Ce discours était accompagné de feints témoignages d’affection ; il se glissa doucement dans l’esprit du palatin, en sorte que ses remords ne furent que comme des oiseaux de passage qui donnent chacun un coup de bec à la dérobée et se retirent, chassés qu’ils étaient par les raisonnements de Golo ou par ses artifices.

Puisque Golo trouve moyen de se tirer d’un pas si difficile, plaignons la pauvre Geneviève, dont la misère va sans doute durer toujours.


XXV

Enfance de Bénoni.

Cependant le désert où elle vit avec son fils n’est plus un affreux repaire de bêtes fauves : c’est une école de vertus, un asile de pénitence, un temple de sainteté.

Après qu’elle y eut souffert trois années d’hiver (le soleil n’y paraissait pas à cause de l’épaisseur du feuillage), l’habitude lui rendit ses maux si familiers qu’elle n’en avait plus d’horreur, et sa patience la perfectionna jusqu’à ce point qu’elle regardait ses maux et ses souffrances comme des délices. L’habitude rend toute chose facile ; ce qui semble au commencement plein d’effroi devient moins rude à la fin. Le poison tue, et néanmoins on a vu