Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/135

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

un grand roi[1] qui s’en nourrissait. Ne vous semble-t-il pas que Geneviève devait mourir au milieu de ces regrets et se noyer dans les larmes ? et voilà que tous les jours, les recueillant de ses mains, elle les offre à Dieu en sacrifice ; offrandes si agréables à sa bonté qu’il la veut récompenser autant de ces soupirs que si elle brûlait en son honneur tout l’encens de l’Arabie.

La première faveur qu’elle reçut du ciel, après ses trois ans de solitude, ce fut celle-ci. Un jour qu’elle était à genoux au milieu d’une cabane d’herbes sèches qu’elle s’était construite, les yeux fixés vers le ciel dont l’admiration servait ordinairement de nourriture à ses pensées, elle aperçut une figure étrange. Son esprit avait trop de lumière pour ne pas reconnaître que ce devait être quelqu’une des intelligences du ciel, en quoi certes elle ne se trompait pas ; car c’était son ange gardien qui venait la visiter de la part de Dieu.

Il avait un visage où la beauté et la modestie demeuraient mêlées avec une majesté divine ; il tenait en sa main droite une précieuse croix sur laquelle

  1. Note 20 : Mithridate, qui prenait certains poisons par petites doses, puis par doses plus considérables, pour n’en avoir pas à craindre les effets. Roi du royaume du Pont en Asie Mineure, il fut l’un des plus terribles ennemis de Rome et celui à qui elle fit la guerre la plus opiniâtre. Il vivait dans le premier siècle avant l’ère chrétienne.