Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/136

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était représenté Jésus-Christ, le Sauveur du monde, et d’un ivoire si luisant qu’il était facile de voir que ce n’était pas l’ouvrage des hommes.

Lorsque Geneviève fut revenue de l’admiration de tant de merveilles, l’ange lui présenta la croix et lui dit : « Geneviève, je suis venu de la part de Dieu vous apporter cette croix qui doit désormais être l’objet de toutes vos pensées et le remède souverain à tous vos maux. C’est le bouclier qui fera tomber tous les coups de l’adversité à vos pieds ; c’est la clef qui ouvrira le ciel à votre patience. »

Geneviève s’étant inclinée reçut cette croix pour y graver toutes ses victoires. Mais voici le prodige : ce crucifix, de lui-même, suivait notre pénitente partout. Si quelque nécessité l’appelait dehors, il sortait de la cabane avec elle ; si elle cherchait des racines, c’était en sa compagnie. Dans sa pauvre retraite, jamais il ne s’écartait de ses côtés. Ce miracle dura quelques mois, jusqu’au moment où il s’arrêta dans un coin de la grotte où se trouvait un petit autel que la nature avait formé dans le rocher. Aussitôt que quelque déplaisir attaquait son pauvre cœur, elle s’adressait à celui qui ne pouvait l’ignorer.

Un jour que le souvenir de ses malheurs se présenta à son esprit avec une force extraordinaire, elle se jeta au pied de la croix et dit :

« Jusques à quand, mon Dieu, jusques à quand souffrirez-