Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/141

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pauvre Geneviève, tu n’es plus que la vaine ombre de toi-même ! »

Tandis que la comtesse se plaignait ainsi et qu’elle tâchait de se reconnaître dans le miroir de la fontaine, elle y vit une divinité toute semblable à ces nymphes qui, selon les discours des poëtes, habitent sous les eaux. Son esprit fut ravi d’admiration pour tant de majesté. Flottant entre la crainte et la confiance, elle entendit une voix et se retourna : elle vit alors la reine des anges, Marie, sa bonne avocate, qui lui dit :

« Vraiment, ma fille, tu as bonne grâce à te plaindre de la perte d’un bien qui est extrêmement désirable, n’est-ce pas, à cause des avantages qu’il procure ? Tu n’es plus belle. Ah ! Geneviève, si tu ne l’avais jamais été, tu serais encore heureuse : c’est ta seule beauté qui a été ton crime. Et quand même elle ne t’eût pas coûté de larmes, devrais-tu te plaindre de sa perte, lorsqu’il n’est pas bien de la désirer ? Si tu savais combien la noirceur de ton teint te rend agréable à mon fils, tu aurais honte d’avoir été autrefois d’une couleur différente. Reviens donc à toi, ma fille ; ne te plains plus de tes misères, puisque c’est de ces épines que tu peux composer ta couronne de gloire. »

A peine la reine du ciel eut-elle achevé sa remontrance, qu’une nuée plus belle et plus luisante que l’argent la déroba aux yeux de la sainte qui