Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/142

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demeura pleine de confusion et de joie : de joie, pour avoir vu celle qui sera une partie de la béatitude des élus dans le paradis ; de confusion, pour avoir donné des regrets à sa beauté passée.

Elle murmura ces paroles :

« Mon aimable époux, vous voulez que Geneviève souffre jusqu’à la fin. Eh bien ! j’en suis contente : je prétends demeurer aussi fidèle à vos divines volontés dans les plus fortes angoisses de ma douleur que dans les prospérités de ma fortune. Hélas ! où serais-tu, mon pauvre cœur, si Dieu t’eût abandonné à tes propres inclinations ? Sans doute la vanité te posséderait maintenant. Oh ! que j’ai un juste sujet de vous remercier de m’avoir fait tant de grâces ! Que pouvais-je espérer dans la maison de mon mari, sinon un esclavage volontaire, une honnête servitude ? Ah ! mon Dieu, je connais bien maintenant la douceur de votre providence. Que votre saint nom soit béni d’avoir sauvé cette pauvre créature qui n’eût jamais suivi vos attraits s’ils n’eussent été charmants, vos mouvements s’ils n’eussent été pleins de séduction. Je vous suis infiniment redevable de m’avoir fait cette faveur : toutefois, mon obligation me paraît encore plus grande si je considère que vous m’avez contrainte d’être si heureuse contre ma volonté, me faisant dans la solitude une image du ciel. »


XXVIII