Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/143

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Inquiétudes et douleurs de Sifroy.

Pendant que Geneviève s’abandonnait à ces pieuses et innocentes joies, Sifroy n’avait ni contentement ni repos. La nuit ne lui présentait que de tristes fantômes ; le jour ne l’éclairait que pour lui faire remarquer l’absence de Geneviève. Son esprit avait sans cesse des pensées mélancoliques, et son unique plaisir était dans la plus austère solitude.

Souvent on le voyait rêver en silence sur le bord des eaux, remarquant dans leur inconstance une image de l’agitation de son esprit. Et puis, comme si son humeur l’eût rendu sauvage, il se dérobait à ses serviteurs pour donner plus de liberté à ses soupirs dans l’horreur d’un bois. Sa conscience lui disait : « Tu as fait tuer ta pauvre Geneviève ; tu as fait massacrer ton fils et ôter la vie à ton serviteur. » Et il s’écriait : « Geneviève, où es-tu ? »

Cependant Golo fuyait la colère du comte ; dès qu’il s’aperçut des vapeurs sombres qui chargeaient l’esprit de Sifroy, il partit pour un long voyage.