Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/172

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Robert ne cessa de frapper l’un et de heurter l’autre, ne se souciant guère de prier Dieu. Le lendemain, jour de la Pentecôte, Robert fut fait chevalier. Le duc fit crier une joute à laquelle fut Robert, qui ne craignait nul homme, tant hardi fût-il. Il attaquait quiconque se trouvait là. Les joutes commencèrent, et, si vous vous y étiez trouvé, vous auriez vu beau carnage : car Robert, qui était tout plein de cruauté, n’épargnait personne ; tous ceux qui étaient devant lui, il les faisait tomber de cheval à terre ; à l’un il rompait le col, à l’autre la cuisse. Il attendait tout homme qui venait jouter contre lui ; mais nul n’échappait de ses mains sans en porter la marque ou aux reins ou aux cuisses ; tous étaient marqués quelque part. Il gâta dix chevaux en ces joutes. Les nouvelles en furent portées au duc, qui en fut bien fâché ; il y alla et voulut faire cesser les engagements ; mais Robert, qui semblait enragé et hors de sens, ne voulut pas obéir au duc son père ; il commença à frapper de côté et d’autre et à abattre chevaux et chevaliers, tellement qu’en ce jour-là il tua trois des plus vaillants chevaliers. Tous ceux qui étaient à lui demandèrent quartier ; mais c’était en vain, et nul n’osait se trouver devant lui, tant il était fort, et parce qu’il était si inhumain que chacun le haïssait. On lui disait : « Pour la grâce de Dieu, Robert, laissez la joute ; car monseigneur votre père a fait dire que chacun cesse,