VII.
Comment Robert fut fait chevalier.
Quelques jours avant la Pentecôte, le duc ordonna par tout son pays que les principaux de ses barons s’assemblassent. En leur présence, il appela Robert et lui dit (après avoir eu l’avis de tous les assistants) : « Mon fils, entendez ce que je veux dire par le conseil de nos barons. Vous serez chevalier, afin que vous puissiez hanter les autres chevaliers et prud’hommes[1], et changiez vos habitudes ; et ayez de meilleures manières de vivre, car les vôtres sont déplaisantes ; soyez donc courtois, humble et bon, ainsi que sont les autres chevaliers, car les honneurs changent les mœurs. »
Alors Robert répondit à son père : « Je serai donc chevalier ; mais il ne m’importe que je sois en haut ou en bas ; je suis décidé à faire entièrement ce qu’en mon cœur je pense, et à agir ainsi que mon esprit me conduira, d’où il suit que je n’ai pas à changer mes manières de vivre. »
La veille[2] de la Pentecôte fut bien veillée ; mais, en cette nuit, qui eût dû être toute de recueillement,
