Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/205

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que ce fou a tant fait, que sans lui vous eussiez été vaincu et eussiez perdu la bataille ; que c’est par lui que vous avez eu gain de cause contre vos ennemis, et qu’il a combattu de façon à gagner la victoire. »

L’empereur se prit à rire et se moqua de ce que la maîtresse disait ; et de cela il se courrouça et lui dit : « Vous devriez bien lui enseigner à se bien conduire ; vous me la gâtez, et il vous en cuira si vous n’y prenez garde. Ce serait grand abus de penser que ce fou, qui est un vrai innocent [1], se fût comporté ainsi en homme de cœur et de sens, vu qu’il n’a ni force ni pouvoir. »

Quand la jeune fille eut ainsi entendu parler son père, elle se retira, quoiqu’elle sût bien comment la chose était arrivée. La maîtresse la suivit, à cause de la grande peur que les paroles de l’empereur lui causaient. Rien ne fut donc connu jusqu’à ce que le sénéchal, ayant rassemblé des forces plus considérables, vint derechef assiéger Rome. Et, de fait, il eût écrasé les Romains sans le chevalier qui les avait secourus autrefois, et qui vint encore les secourir par le commandement de l’ange. Il se comporta si vaillamment qu’il battit tous les Sarrasins. Il n’y avait homme si hardi qui osât l’attendre. Tous ses ennemis, il les menait devant lui comme

  1. Note 36 : Une âme simple.