Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/224

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des pleurs et poussant des gémissements. Ce que voyant, le roi de France lui dit : « Beau frère et ami, modérez votre douleur jusqu’à ce que nous en sachions la cause ; car nous vous aiderons, si nous la connaissons, de tout notre pouvoir.

— Sire, dit le roi d’Espagne, je vous remercie humblement de l’offre qu’il vous plaît de me faire, parce que, vous et vos prédécesseurs, vous êtes les défenseurs de toute royauté, de toute noblesse et de toute justice. Je suis venu à vous pour vous dire mon infortune. Sachez, sire, qu’à tort et sans raison, à cause d’un nouveau tribut que j’avais mis en mon royaume pour éviter la dangereuse entreprise que le roi de Grenade, infidèle à notre sainte loi, avait faite contre mon trône, on a excité le peuple contre moi, si bien qu’ils m’ont voulu faire mourir, et il m’a fallu m’en tirer du mieux que j’ai pu. Ils tiennent la reine ma femme, et une petite fille de trois ans, assiégées dans une de nos villes nommée Ségovie[1] ; et ils ont décidé de les faire mourir pour avoir mon royaume. »

En disant cela, il se pâmait aux pieds du roi de France, lequel le fit bientôt relever et lui parla en cette manière : « Frère, ne veuillez pas affliger

  1. Note 39 : Ville de la Vieille-Castille où il y avait de nombreuses fabriques de drap, célèbres au moyen âge, et qui était presque toujours le centre des mouvements populaires.