Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/301

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

douleur, vous êtes mon seigneur et mon maître ; ma fille et moi nous vous appartenons, et, quelque chose qu’il vous plaise ordonner de nous, jamais rien ne me fera oublier l’obéissance et la soumission que je vous ai vouées et que je vous dois. »


VI.
Constance de Griselidis.

Tant de modération et de douceur étonnèrent le marquis. Il se retira avec l’apparence d’une grande tristesse ; mais, au fond du cœur, il était plein d’amour et d’admiration pour sa femme. Quand il fut seul, il appela un vieux serviteur attaché à lui depuis trente ans, auquel il expliqua son projet et qu’il envoya ensuite chez la marquise. « Madame, dit le serviteur, daignez me pardonner la triste mission dont je suis chargé ; mais monseigneur demande votre fille. »

A ces mots Griselidis, se rappelant le discours que lui avait tenu le marquis, crut que Gautier envoyait prendre sa fille pour la faire mourir. Elle étouffa néanmoins sa douleur, retint ses larmes, et, sans faire la moindre plainte ni même pousser un soupir, alla prendre l’enfant dans son berceau, la regarda longtemps avec tendresse ; puis, lui ayant fait le signe de la croix sur le front et la