Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/300

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V.
Première épreuve de Griselidis

L’enfant fut nourrie au palais par sa mère ; mais, dès qu’elle fut sevrée, Gautier, qui depuis longtemps s’occupait du projet d’éprouver son épouse, quoique de jour en jour, charmé de ses vertus, il l’aimât davantage, entra dans sa chambre en affectant l’air d’un homme troublé, et lui tint ce discours : « Griselidis, tu n’as point oublié sans doute quelle fut ta première condition avant d’être élevée au rang de mon épouse. Pour moi, j’en avais presque perdu la mémoire, et ma tendre amitié dont tu as reçu tant de preuves t’en assurait. Mais depuis quelque temps mes barons murmurent. Ils se plaignent hautement d’être destinés à devenir un jour les vassaux de la petite-fille de Janicola ; et moi, dont l’intérêt est de ménager leur amitié, je me vois forcé de leur faire ce sacrifice douloureux qui coûte tant à mon cœur. Je n’ai point voulu m’y résoudre cependant sans t’en avoir prévenue, et je viens demander ton aveu et t’exhorter à cette patience que tu m’as promise avant d’être mon épouse.

— Cher sire, répondit humblement Griselidis, sans laisser paraître sur son visage aucun signe de