Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/304

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VII.
Seconde épreuve de Griselidis.

Quatre années se passèrent ainsi, au bout desquelles elle mit au monde un enfant mâle qui acheva de combler le bonheur du père et la joie des sujets. Elle le nourrit de son lait comme l’autre. Mais, quand ce fils bien-aimé eut deux ans, le marquis voulut le faire servir à encore éprouver la patience de Griselidis, à laquelle il vint tenir à peu près les discours qu’il lui avait tenus autrefois au sujet de sa fille.

Quelle mortelle douleur dut ressentir en ce moment cette femme incomparable, quand, se rappelant qu’elle avait déjà perdu sa fille, elle vit qu’on allait faire mourir encore ce fils, son unique espérance et le seul enfant qu’elle croyait lui rester ! Quelle est, je ne dis pas la mère tendre, mais même l’étrangère qui, à une telle sentence, eût pu retenir ses larmes et ses cris ? Reines, princesses, marquises, femmes de tous les états, écoutez la réponse de celle-ci à son seigneur, et profitez de l’exemple.

« Cher sire, dit-elle, je vous l’ai juré autrefois et je vous le jure encore : je ne voudrai jamais que ce que vous voudrez. Quand, en entrant dans