Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/305

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votre palais, je quittai mes pauvres habits, je me défis en même temps de ma propre volonté pour ne plus connaître que la vôtre. Que ne m’est-il possible de la deviner avant qu’elle s’explique ? vous verriez vos moindres désirs prévenus et accomplis. Ordonnez de moi maintenant tout ce qu’il vous plaira. Si vous voulez que je meure, j’y consens ; car la mort n’est rien auprès du malheur de vous déplaire. »

Gautier était de plus en plus étonné. Un autre qui eût moins connu Griselidis eût pu croire que tant de fermeté d’âme n’était qu’insensibilité ; mais lui qui, pendant qu’elle nourrissait ses enfants, avait été mille fois témoin de sa tendresse pour eux, il ne pouvait attribuer son courage qu’à l’amour dévoué qu’elle avait pour lui. Il envoya, comme la première fois, son sergent fidèle prendre l’enfant, et le fit porter à Boulogne, ou il fut élevé avec sa petite sœur.


VIII.
Troisième épreuve de Griselidis.

Après deux aussi terribles épreuves, Gautier eût bien dû se croire sûr de sa femme et se dispenser de l’affliger davantage. Mais il est des cœurs soupçonneux que rien ne guérit ; qui, lorsqu’une fois