Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/325

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comme s’il avait eu sur le dos une masse de fer rouge ; on essaya de le calmer : il s’emporta, il devint furieux. Et une voix retentit dans l’immensité du désert : Marche, marche, marche ! En entendant ces paroles, les chameliers furent épouvantés ; ils firent descendre Laquedem, et bientôt ils disparurent.


V.
Le Juif errant s’aperçoit qu’il a toujours cinq sous dans sa poche.

Un nouveau fardeau de misère s’était appesanti sur le Juif errant. Il regarda de tous côtés, cherchant l’ombre des palmiers solitaires, implorant la miséricorde divine, priant et pleurant ; mais nul ombrage n’apparut, et il s’avança vers l’occident. Toute la nuit il marcha encore. Le lendemain, il trouva sur sa route, au milieu du jour, une citerne et quelques dattes. Trois jours se passèrent ainsi. Vers la fin du troisième jour, il était arrivé vers les bords de l’ancien canal de Ptolémée, au fond du golfe Héroopolite[1], et il avait traversé les régions silencieuses au travers desquelles Moïse promena quarante ans les Hébreux. Au moment de mettre le pied sur le sol de l’Égypte, il s’arrêta dans un village chétif, et, tirant de sa poche son double denier, il

  1. Note 53 : A l’extrémité septentrionale de la mer Rouge.