Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/326

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acheta un peu de nourriture. A peine l’avait-il payée que, remettant la main dans sa poche, il sentit une autre pièce de monnaie ; il crut qu’il n’avait pas donné d’argent à celui qui lui avait vendu du pain et des oignons cuits sous la cendre, et, sans la regarder, il lui présenta encore la pièce. L’homme la rendit en disant qu’il n’avait pas besoin d’être payé deux fois. Isaac regarda alors la pièce que Dieu lui envoyait, et il vit que c’était une monnaie égyptienne, ce qui lui fit d’abord quelque plaisir ; mais bientôt, lorsqu’il y eut mieux pensé, sa douleur s’en augmenta. S’il devait ainsi trouver toujours dans sa poche une petite somme suffisante pour un repas, il était protégé contre la faim et délivré d’une bien grande inquiétude ; mais aussi il s’apercevait bien clairement de la certitude de son châtiment : Dieu ne lui donnait les moyens de vivre que pour le pousser sans relâche et toujours en avant.


VI.
Le Juif errant se croit riche.

Chemin faisant, il fut saisi par une mauvaise idée qui lui fut certainement inspirée par le Tentateur : « Puisque nul pardon ne me doit venir, se disait-il, et qu’il ne m’est pas permis d’espérer ma rentrée en grâce, je n’ai rien à perdre en tirant