Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/327

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parti de l’étrangeté même de ma peine ; et certain, comme je le suis, de trouver toujours dans ma poche une pièce de monnaie, je ne vois pas pourquoi je n’achèterais pas tout ce qu’il me plaira d’acquérir. »

Il se mit donc à examiner avec lui-même ce qu’il avait de mieux à faire pour donner quelques consolations à sa course fatale et émerveiller les hommes au milieu desquels il passait ; il résolut, s’il allait dans la ville d’Alexandrie, de se présenter devant le proconsul et de lui demander ses plus riches parures, ses esclaves, ses femmes, son palais. Au bout de deux jours et de deux nuits de marche, il arriva en effet dans la ville d’Alexandrie, où il trouva un peuple nombreux de négociants qui faisaient charger sur des vaisseaux des soieries, des parfums et des bois précieux venus de l’Inde. On ne fit pas attention à lui, parce que toutes les nations de l’univers se rencontraient sur ce marché et qu’il y avait divers Juifs : aussi lui fut-il facile d’arriver jusqu’au proconsul, et, traversant le pompeux cortége dont était entouré le magistrat souverain, ses licteurs, ses capitaines, ses soldats, il s’approcha de son char et lui dit : « Seigneur, auriez-vous quelque répugnance à me vendre votre manteau de pourpre ? »

Il s’essaya par cette question. Le proconsul lui jeta un regard dédaigneux et passa. Quelqu’un lui