Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/33

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présomptueux s’amende à la fin, c’est l’exemple de saint Éloi qui, en sa jeunesse, avait beaucoup d’orgueil. Voici à quelle occasion et de quelle éclatante manière il fut remis dans les voies de la sagesse.

Éloi venait de quitter l’orfévre son maître ; mais comme il n’avait pas assez d’argent pour ouvrir une boutique d’orfévrerie, en attendant mieux, il se fit maréchal ferrant.

Jamais on n’avait vu maréchal qui fût digne de dénouer les cordons de ses souliers.

Avec son marteau, sa tenaille et son enclume, il faisait des merveilles incomparables. Les fers qu’il forgeait (et il les forgeait sans les chauffer plus de trois fois) avaient exactement le brillant de l’argent poli et ils étaient d’un dessin plein d’élégance. Les clous qu’il préparait pour clouer ses fers étaient taillés comme des diamants. Un fer à cheval fabriqué et placé par Éloi était un véritable bijou qu’on admirait dans toute l’étendue des divers royaumes des Francs. L’orgueil le saisit lorsqu’il vit que son nom jouissait d’une si grande renommée ; il se fit peindre sur sa porte ferrant un cheval et il fit écrire au-dessus de l’enseigne : Eloi, maître sur maître, maître sur tous.

On fut bien étonné un beau matin de voir cette enseigne ; peu après on s’en plaignit ; les maréchaux ferrants de toute l’Europe murmurèrent ; enfin