Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/34

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le bruit de ces plaintes et de ces murmures monta jusqu’au ciel. Dieu n’aime pas les gens qui ne savent pas dominer leur orgueil, et il se plaît souvent à les humilier.

Un matin, pendant que saint Éloi achevait un fer, le plus élégant et le plus brillant de tous ceux qu’il avait fabriqués, il vit un jeune homme, vêtu d’un costume d’ouvrier, qui se tenait sur le seuil de sa porte et le regardait travailler. La matinée était belle et fraîche ; le soleil éclairait de grandes pièces d’avoine devant la maison de saint Éloi ; il y avait encore un peu de rosée dans les touffes d’herbes qui couvraient la chaussée. Tout cela fit que saint Éloi se trouva de bonne humeur et demanda à l’inconnu d’un ton assez aimable ce qu’il voulait de lui. « Je voudrais voir si tu es un maître sans égal, comme le disent ta renommée et ton enseigne.

— A quoi te servira de le savoir ?

— A cela que, si je vois que tu es plus habile que moi, je me mettrai à ton école.

— Tu es donc bien habile ?

— Je le suis assez pour croire qu’on ne peut l’être davantage.

— Tu n’as donc jamais vu ce que je fais ?

— Je viens ici pour te voir à l’œuvre.

— Alors c’est un défi ?

— Sans doute.

— Et