Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/330

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

cause de cela, il se réjouissait comme un enfant. Mais la parole de Jésus devait s’accomplir tout entière. Dans ce cachot étroit il ne put ni s’asseoir ni se coucher ; il lui fallut marcher, marcher, marcher encore, marcher toujours. Il n’avait pas encore jusque-là trouvé son châtiment aussi rude ; car, entre ces murailles, il ne pouvait que faire deux ou trois pas, et cette agitation constante, resserrée dans un espace limité par des murs, lui fit si vivement bouillir le sang dans les veines, qu’un nuage obscurcit bientôt sa vue et que, pris d’une folie douloureuse, il marcha en frémissant, en rugissant, en poussant des cris sauvages, l’écume sur les lèvres, l’oeil en dehors de l’orbite, les cheveux secs et droits, enveloppé d’un air brûlant, mordu par mille morts sans cesse renaissantes, à la fois dévoré et nourri par la fièvre.

J’ignore combien de temps il passa dans le cachot. Probablement qu’on fut effrayé lorsqu’on le vit dans ces tortures et qu’on le fit sortir pour le jeter dans les déserts qui longent la mer du côté des Syrtes.


VIII.
Le Juif errant au milieu des bêtes féroces.

Presque chaque jour lui avait révélé une torture plus cruelle que toutes les tortures dont il avait