Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/331

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

déjà été victime. Lorsqu’il se vit encore une fois au milieu des plaines de sable et livré comme un jouet aux vents furieux qui bouleversent à chaque instant le sol mouvant de ces solitudes, son désespoir fut si grand qu’il insulta Dieu et le défia de le faire mourir. A peine avait-il prononcé le défi criminel, qu’une pierre tomba du ciel sur sa tête et lui déchira la joue. Il comprit que Dieu le punissait de ses impuissantes colères. Un peu plus loin, il aperçut sur le bord de la mer, le long d’une petite rivière, d’énormes crocodiles qui avaient tous la gueule ouverte et qui aspiraient doucement la fraîcheur de la brise. Après avoir frémi d’un frisson qu’il ne put vaincre sur-le-champ, il s’approcha de ces monstres, bien résolu à les irriter jusqu’à ce qu’ils l’eussent mis en pièces. Il lança un caillou sur le crâne du premier qu’il rencontra ; le crocodile roula sa prunelle sanglante sous sa paupière et ne bougea pas. Laquedem marcha vers un second crocodile, et lui prit avec la main un de ses terribles crochets ; la bête fit un mouvement qui le blessa au bras et ne ferma pas la gueule. Furieux, il se précipita sur le troisième et s’assit dans sa gueule même ; le crocodile se recula en renversant ses mâchoires et le laissa sur le sol. Il se releva et courut au travers des autres crocodiles, sans faire la moindre attention à la manière dont il les heurtait ; ils se retirèrent tous et peu à peu se cachèrent