Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/337

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ne le jetaient pas à terre, selon son espérance, et les douleurs de la faim étaient d’inutiles douleurs. Il fut encore vaincu, et vaincu d’autant plus outrageusement pour son orgueil, que ce fut lui qui chercha enfin la nourriture. Nulle herbe, nulle mousse ; Dieu lui cachait tout pour le punir. Au bout de quelque temps, il découvrit enfin une espèce de village qui avoisinait Leptis. Il y avait bien longtemps qu’il n’avait rencontré de figure humaine, et il ne savait trop comment s’adresser aux premières personnes qui se trouvaient sur son passage. Machinalement il fouilla dans sa poche au moment de demander du pain ; il en tira une monnaie de la Cyrénaïque qui lui procura ce dont il avait besoin.


XII.
Le Juif errant marche toujours.

Et depuis ce temps il marche, accompagné du désespoir et du repentir.

C’est la nuit surtout que de grandes et effroyables images se lèvent devant lui. Dans les plaines désertes des continents inconnus, lorsque la lune fait glisser sur les nuages les rayons de sa douce lumière, cette lumière, si douce ici-bas sous les bosquets fleuris de mai dessine dans l’espace des