Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/73

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un bruit de diable ; Babolein ne rougissait même pas et ne remuait pas sur sa chaise.

« A la mémoire de l’empereur Probus ! dit Dagobert. Voilà un prince qui a eu soin de ce pays-ci ! Il a planté les vignes de Bourgogne. Allons, Babolein, et vous autres tous, encore une belle coupe en l’honneur de Probus, l’empereur de Rome ! »

A ce moment, il n’y avait plus guère qu’une dizaine de Franks assez braves en boisson pour tenir tête au roi et accompagner Babolein ; les autres étaient déjà vaincus par l’ivresse et restaient silencieux. « Qui sera roi du festin aujourd’hui ? s’écrie Dagobert. Qui est-ce qui a encore soif ? » Babolein seul, sans un geste inutile, montra qu’il pouvait boire. « Et quel vin veux-tu ? » Babolein, du doigt, montra une jarre de grès qui contenait bien trois bons litres, et qui était pleine d’un vin de Narbonne parfumé d’une odeur de violette. On mit la jarre près de lui, et, à petits coups, sans mot dire, il la vida.

« C’est toi, dit Dagobert, qui es le roi. » Et se relevant avec effort : « Cet homme-là, je le proclame roi ; je lui donne le pays d’Yvetot en Neustrie ; il y fera fleurir les préceptes de sa sagesse ; on verra dans quelques siècles ce que la postérité en pensera. » Voilà comment Babolein 1er devint roi d’Yvetot.

La postérité n’a pas dit de mal de ce monarque.

« Et