Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/76

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l’ivresse ; le roi fait un signe pour qu’on ferme les fenêtres, mais tous les efforts sont impuissants : le vent brise les volets qui volent en éclats. L’eau de cette pluie affreuse entre dans la salle. Tout à coup un coup de tonnerre gigantesque retentit : les plus émus se mettent à genoux ; tous gardent le silence.

Trois coups frappés sur la porte se font entendre ; la porte s’ouvre comme d’elle-même. C’est un ermite à longue chevelure et à longue barbe blanche. Il s’avance vers le roi, que sa vue étonne et qui reste muet. Ses vêtements sont déchirés par les ronces ; le sang coule de ses mains déchirées ; de ses cheveux coule l’eau de la pluie ; il s’avance encore, il arrive au pied du trône. Une crainte involontaire a saisi toutes les âmes. Cependant l’orage s’est calmé, et il s’est fait dans les airs un silence qui va donner à la voix de l’ermite une vibration terrible.

A la fin, le voyant si près venu et se croyant obligé à parler en roi, Dagobert lui dit : « Qui es-tu et que viens-tu faire ici ?

— Je suis un humble ermite des bois ; je viens t’avertir....

— Tu choisis mal ton temps pour te mettre en route.

— Ne ris pas de ton serviteur ; la colère de Dieu t’en ferait repentir vite.

— Tu as la voix bien fière et bien sonore.