Page:Bolingbroke - Des devoirs d'un roi patriote et portrait des ministres de tous les temps, 1790.djvu/35

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le roi, il faut qu’il ait bien peu de vertus, s’il n’en a pas assez pour cacher une faiblesse.

Les défauts ainsi compensés demandent grâce pour la nature humaine. Le soleil lui-même n’est pas exempt de taches ; ceux qui veulent les voir, les observent plus scrupuleusement. Alexandre eut des passions violentes qui obscurcirent ses grandes qualités ; il fut coupable de l’incendie de Persépolis et du meurtre de Clitus : il s’en repentit, et dans beaucoup d’occasion son vit paraître le roi et le héros. Malheureusement ses vices se tournèrent en habitude. Ses insidieux courtisans, voyant qu’ils ne pouvaient par corrompre le roi, attaquèrent l’homme, et en séduisant l’homme ils trahirent le roi. Combien d’autres exemples pourraient venir à l’appui de celui-ci : Scipion l’Africain, Caton, les deux premiers Césars, Marc Antoine, et tant d’autres dont les noms n’ont pas été que fameux.

Tous ces modèles dangereux, que souvent les historiens ont représenté plus grands que nature, sont placés ici pour faire détester le vice et aimer la vertu : il faut souvent le redire aux princes, c’est en négligeant cette décence, ce decorum si recommandés, qu’ils plongent leurs nations