Page:Bolingbroke - Des devoirs d'un roi patriote et portrait des ministres de tous les temps, 1790.djvu/36

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dans un abîme de vices et de dépravations ; leurs vertus en sont offusquées et perdent leur effet.

Louis XIV, qu’on peut regarder comme le plus grand acteur qui ait jamais paru sur aucun trône, était le souverain d’une monarchie absolue ; il profita de l’activité et du génie de son peuple pour l’attirer à lui par l’admiration et le respect. Il était fier et réservé, et se distingua par l’éclat d’une cour brillante. Il sacrifia tellement aux apparences, qu’il voulut que sa maîtresse eût une place chez la reine. C’est ainsi qu’il se fit respecter chez lui, et admirer par toutes les puissances voisines. Il eut l’art de cacher ses vices et ses défauts en jetant un voile sur la frivolité et la galanterie de la cour. Le régent, son successeur, non pas au trône, mais au souverain pouvoir, avec de l’esprit et point de mœurs, n’était qu’un infâme débauché : sa dépravation était affectée, et se trouvait, plus encore dans ses discours que dans ses principes : sa mémoire ne laisse qu’un souvenir abominable, et il faut l’abandonner aux auteurs des chroniques scandaleuses.

Elisabeth fut la souveraine d’une monarchie limitée : elle sut gagner l’affection d’un peuple qu’il était plus aisé de gouverner que de conquérir. La couronne jouissait alors d’un grand pouvoir légal.