Page:Bolingbroke - Des devoirs d'un roi patriote et portrait des ministres de tous les temps, 1790.djvu/6

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le monde physique et moral.

En rappelant d’abord les devoirs des rois, je me suis promis de remonter aux premiers principes à cet égard. Les premières notions nous apprennent que l’institution divine et le droit des souverains se réunissent au centre commun du pouvoir absolu, et qu’ils ne peuvent tirer leur origine que d’une vieille alliance entre la puissance civile et la puissance ecclésiastique. On a souvent confondu le caractère de roi avec celui de prêtre, et ils se sont, selon l’occurrence, prêté des secours mutuels. Les rois ont profité de l’ascendant que les prêtres avaient sur les consciences, et ceux-ci ont appris par expérience que, pour conserver leur dignité, leur pouvoir et surtout leur richesse, il fallait supposer un droit divin qu’ils ne manquaient pas de communiquer aux rois leurs collègues ; et par cette double ruse ils couvraient leurs usurpations sur le crédule vulgaire.

Les auteurs de ces belles inventions étaient non seulement considérés pendant leur vie, mais adorés après leur mort. On les regardait comme les dieux de la première classe dü majorum gentium. Ceux qui fondèrent des républiques, créèrent des rois et furent des héros, eurent le titre de dieux de la seconde classe, dü minorum