Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/124

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mure ſi flatteur pour celles qui regardent la beauté comme leur plus précieux avantage. Murville me dit des choſes charmantes. J’étois trop contente de moi, pour ne l’être pas de lui ; en cet inſtant, je crois, en vérité, que je n’aurois pas conſenti à être la femme d’un autre.

On ſervit. Le ſoupé fut ſplendide ; un concert de voix & d’inſtruments en abrégea la longueur. Mon enchantement augmentoit ſans ceſſe. J’étois l’idole à qui l’on prodiguoit l’encens de toutes parts ; ma vanité novice ſavouroit le plaiſir de m’entendre louer en vers, en proſe, & ſans meſure.

A la fin du ſouper, les fenêtres qui donnoient ſur le jardin, s’ouvrirent tout-à-coup, pour laiſſer voir une illumination brillante. Nos chiffres, ſoutenus par des amours, ſurmontés d’emblêmes, étoient placés en vingt endroits. Un feu d’artifice les répéta ſous d’autres formes, & termina la fête.

Dès que je fus ſeule avec mon mari, je lui demandai ſi c’étoit à lui que je devois les ſurprifes de cette ſoirée ! Oui, me répondit-il : ſerois-je aſſez heureux pour qu’elles aient pu vous plaire ? Eh ! qui n’en ſeroit pas ravi ! m’écriai-je. Vous êtes un homme unique ! il faudra vous adorer. Cette ſaillie fut payée de quelques tranſports. Notre converſation prit un caractere de tendreſſe