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négligé. Je n’avois pour coëffure que mes cheveux ; pour vêtement qu’une robe du matin.

Ma mere avoit prévu mon embarras, & s’en étoit amuſée. Elle me dit qu’étant chez moi, je devrois en faire les honneurs ; mais que la compagnie voudroit bien permettre qu’elle me remplaçât pendant que j’irois m’habiller.

Je me laiſſai conduire dans un appartement qui ne cédoit en rien à ce que j’avois vu juſques-là. Des robes ſuperbes, des ajuſtements de la derniere élégance, étoient étalés autour de ma chambre. Ma toilette éblouiſſoit par l’éclat des bijoux & des pierreries dont elle étoit couverte.

J’étois en extaſe… J’aurois voulu pouvoir examiner chaque choſe en particulier… Ce n’étoit pas le moment, mais celui de me livrer aux ſoins de trois femmes qui me ſurchargerent de tous les ornements inventés par le luxe.

Rayonnante de parure, de diamants, de rouge, dont je mettois, pour la premiere fois, la doſe des femmes de qualité, je m’enivrois d’amour-propre devant mon miroir. Le deſir de me montrer fut ſeul capable de m’arracher à cette douce comtemplation.

En entrant au ſallon, j’excitai ce mur-