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ſans la rencontre de la compagnie qui revenoit au château.

Ma mère tenoit un paquet de lettres, que le courier lui avoit remis en paſſant. Entre celles qui étoient à mon adreſſe, j’en trouvai une de Madame de Saintal. Elle me mandoit que ma ſœur étoit tombée dans un dépériſſement total ; qu’on n’oſoit preſque plus hazarder des remedes ; qu’elle-même s’y refuſoit opiniâtrément, ou en empêchoit l’effet par ſon indocilité aux ordonnances des Médecins.

Cette nouvelle ne m’étonna pas à un certain point. La ſanté de Mademoiſelle d’Aulnai s’étoit affoiblie dès le temps de ſon noviciat ; depuis ſa profeſſion elle avoit décliné chaque jour, & nous l’avions laiſſée, en partant de Paris, dans le plus fâcheux état.

Juſques-là, toute occupée de mes propres intérêts, j’en avois pris un bien médiocre au danger de ma ſœur, qui d’ailleurs étoit, à mon égard, comme dans une région étrangere ; mais il eſt des moments où l’ame s’ouvre aiſément à l’affliction : la mienne fut pénétrée de ce que je venois d’apprendre.

Mademoiſelle d’Aulnai eſt bien mal, dis-je d’un ſon de voix altéré : vous le mande-t-on auſſi, ma mere ? Oui, répondit-elle ; la Supérieure me l’écrit… Sa lettre eſt in-